mercredi 22 février 2012

Le grand voyage du carême




Les exercices du Carême : l'aumône, la prière, le jeûne

"Mes frères, nous commençons aujourd'hui le grand voyage du Carême.
Emportons donc dans notre navire


toute notre provision de nourriture et de boisson,
en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin.
Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s'il ne se nourrit pas de bonté,
s'il ne se désaltère pas de miséricorde.

Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille,
si la toison de l'aumône ne le couvre pas,
si le vêtement de la compassion ne l'enveloppe pas."


Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne,

docteur de l'Église Sermon 8 ; CCL 24, 59 ;
PL 52, 208 (trad. Matthieu commenté, DDB 1985, p. 59 rev.)

mardi 21 février 2012

Histoire du mercredi des Cendres

Le mercredi des Cendres marque l'entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal
Il peut tomber n'importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques. Les cendres qui proviennent des rameaux de l'année précédente, brûlés pour l'occasion, sont déposées sur le front des fidèles. Celle coutume de se couvrir la tête de cendres - et à l'origine de se revêtir aussi d'un sac - est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jon 3.5-9 : Jr 6.26 ; 25- 34 ; Mt 1 1,21 ).


Aux commencements du christianisme
Ce rite des cendres n'était pas directement associé au début du Carême.
Vers l'an 300. il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d'excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publies de la communauté.
Ces personnes s'étaient rendues coupables de péchés ou de scandales "majeurs" :
apostasie. hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés "capitaux").

Au VIIe siècle environ
Cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres.
Les pécheurs confessaient d'abord leurs péchés en privé.
Puis ils étaient présentés a l'évêque et mis publiquement au rang des pénitents, ils devaient se préparer pour recevoir l'absolution donnée le Jeudi sainl.
Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l'avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : "Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras" (Gn 3,19).
Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d'où l'expression de « quarantaine »).
Le "sac" qu'ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l'église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s'abstenir de viande, d'alcool, de bain.
Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d'avoir des relulions sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.

Au cours du Moyen Âge
C'est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d'insistance. Par conséquent, tes traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées a tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd'hui- Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l'imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15).Dans les Églises de Bretagne insulaire et d'Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l'influence des moines celles.
Il s'agissait d'une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer a faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.

Trois sortes de traditions ont donné au Carême son caractère spécifique
1. celles qui favorisent un climat d'austérité ;
2. les pratiques pénilentielles. surtout en matière de jeûne et d'abstinence
3. les dévotions centrées sur la souffrance de Jésus.
Au cours de ces vingt dernières années, ces traditions ont été associées à des pratiques nouvelles, mettant l'accent sur une dimension plus positive du Carême.
Bon Carême !


Guide des traditions et coutumes catholiques, pp 138-140
merci croire.com

lundi 20 février 2012

Carême 2012




« Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité
et les œuvres bonnes »

"Le service de presse du Saint-Siège vient de publier le message de Benoît XVI pour le Carême 2012. Le Saint Père a choisi cette année un texte de l'Epître aux Hébreux, «Faisons attention les uns aux autres 
pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes» 
(He 10, 24), pour guider sa méditation au seuil de ce temps fort de l'année liturgique.

Dans sa réflexion, le pape insiste tout d'abord sur le "faire attention". Mon attention doit se porter sur le frère mais aussi sur la personne de Jésus lui-même, comme le signale aussi la lettre aux Hébreux. Parlant de l'attention que nous devons aux hommes, le pape fait remarquer que la culture contemporaine a bien le souci du frère, mais que cette attention ne doit pas se limiter à la seule dimension humaine de son bien être, elle doit aussi le rejoindre dans sa dimension religieuse. Porter attention à ses choix moraux, au bien de son âme, de sa destinée ultime: L'éternité. Les citations ci-dessous reprennent les traits principaux de la réflexion de Benoît XVI.

«Prêter attention» au frère comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel. Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude: la correction fraternelle en vue du salut éternel. En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en est pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime. (...) Il est important de récupérer cette dimension de la charité chrétienne. Il ne faut pas se taire face au mal. Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien. Toutefois le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animé par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère. (...) Cette «garde» des autres contraste avec une mentalité qui, réduisant la vie à sa seule dimension terrestre, ne la considère pas dans une perspective eschatologique et accepte n’importe quel choix moral au nom de la liberté individuelle. Une société comme la société actuelle peut devenir sourde aux souffrances physiques comme aux exigences spirituelles et morales de la vie. Il ne doit pas en être ainsi dans la communauté chrétienne! (...) Cela veut dire que l’autre m’est uni de manière particulière, sa vie, son salut, concernent ma vie et mon salut. Nous abordons ici un élément très profond de la communion: notre existence est liée à celle des autres, dans le bien comme dans le mal; le péché comme les œuvres d’amour ont aussi une dimension sociale."

Les sociologues nous le disent, l'homme est aussi un "être religieux". Et sa dimension religieuse trouve son origine dans les civilisations les plus anciennes. On retrouve ici la préoccupation de Benoît XVI pour l'homme contemporain, souvent coupé des racines les plus profondes de son humanité: sa dimension religieuse. Dans son message de carême, le Pape nous invite à faire oeuvre de charité, à indiquer à l'homme d'aujourd'hui le chemin du ciel. J'ose paraphraser ici le curé d'Ars. "Tu m'as montré le chemin de la science, de la technique, d'internet. Je te montrerai le chemin du ciel". Que voilà une belle action de carême."

Vous pouvez lire le message du Pape sur le site Zenit: MESSAGE DE BENOÎT XVI POUR LE CARÊME 2012


jeudi 2 février 2012





JOYEUSE LUMIERE



Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père,
Saint et bienheureux Jésus Christ !
Venant au coucher du soleil


Contemplant la lumière du soir
Nous chantons le Père et le Fils, Et le Saint Esprit de Dieu
Nous Te chantons, ressuscité,
Toi qui surgis des ténèbres du tombeau


Étoile du matin qui devance l’aurore
Dont l’éclat resplendit jusqu’au monde nouveau
Reste avec nous Seigneur
Car déjà le jour baisse


Illumine nos yeux au soir de cette
Pâque Toi la lumière qui ne connaît pas de couchant



Cette hymne qui a retrouvé une nouvelle jeunesse avec la Liturgie des Heures
est en fait la plus ancienne qui ait été conservée.
Elle date du IIIème siècle.

mercredi 1 février 2012


PREMIER SERMON POUR LE JOUR DE LA PURIFICATION DE LA SAINTE VIERGE MARIE.
Des trois miséricordes



Aujourd'hui, une vierge mère porte le Seigneur du temple dans le temple du Seigneur, et Joseph vient offrir à Dieu, non pas son fils à lui Joseph, mais le Fils même de Dieu, en qui le Père a mis toutes ses complaisances. Siméon, le juste, reconnaît celui qu'il attendait, Anne; la veuve, le confesse. Ces quatre personnages sont les premiers qui ont célébré, en ce jour, une procession qui devait ensuite être l'objet d'une fête joyeuse, fête pour tous les peuples de la terre, et dans tous les endroits du monde. Ne vous étonnez point si cette procession fut petite, Celui qui en était l'objet était si petit lui-même! Mais, dans ses rangs, il n'y avait point de place pour un seul pécheur, ceux qui la composaient étaient tous justes, saints et parfaits. Mais Seigneur, ne sauverez-vous que ceux-là?

Vous grandirez et votre compassion grandira aussi, et, quand votre miséricorde se sera multipliée, vous ne sauverez pas seulement les hommes, Seigneur Dieu, vous sauverez les animaux même. Dans une seconde procession, le Sauveur marche précédé et suivi de la foule, mais alors ce n'est plus une vierge, c'est un âne qui le porte. Il ne dédaigne donc personne, pas même ceux qui se sont corrompus, comme les animaux qui pourrissent dans leurs propres ordures (Joel. I, 17) ; non, il ne rejette personne, mais à condition qu'on ait les vêtements des apôtres, qu'on soit imbu de leur doctrine; si on est de moeurs pures, si à l'obéissance on joint la charité, qui couvre une multitude de péchés, alors on sera jugé digne de l'honneur de suivre sa procession.


St Bernard de Clairvaux (1090-1153)