jeudi 15 décembre 2011

Miséricorde




Hébreu : (rahamîm) Grec : (eleos) Latin : misericordia


La notion de « miséricorde » a connu un développement, dans notre culture, qui voile la richesse qu'elle possède dans la tradition biblique. En effet, pour nous, la miséricorde signifie la sensibilité à la misère d'autrui ou la pitié par laquelle on pardonne au coupable. La notion biblique de « miséricorde » est beaucoup plus vaste.

Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme.

Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants.


Un autre terme accompagne souvent la « miséricorde »: c'est hesed. Il s'agit de la relation qui unit deux personnes et implique la fidélité et l'obligation de venir en aide. La miséricorde unie à la fidélité devient une bonté consciente et voulue qui répond à un devoir intérieur.

La personne qui agit avec miséricorde témoigne alors d'une grande fidélité à la relation
qui l'unit à quelqu'un d'autre. Il en est ainsi de la miséricorde de Dieu.

Dieu manifeste sa miséricorde chaque fois qu'il vient en aide à son peuple ou à un individu. Il a alors une prédilection pour le pauvre, la veuve, l'orphelin. Ces personnes vivent habituellement dans la plus grande indigence, puisqu'elles ont perdu le soutien qui d'un mari, qui d'un père. Pour Israël, la manifestation par excellence de la miséricorde de Dieu fut l'exode. La libération de la servitude en Égypte est le modèle de toutes les autres manifestations de la miséricorde de Dieu.
Il n'y a pas que la misère ou les malheurs de l'homme qui bouleversent Dieu.
Il y a surtout la condition de l'homme pécheur.

La miséricorde dans ce cas, n'ignore pas la gravité de la rupture due au péché, mais elle se traduit par la patience, la volonté ferme d'amener les humains à la conversion et de leur accorder son pardon. En Israël, on en vient à penser que la miséricorde est un acte proprement divin. Elle est le signe de la toute-puissance de l'amour de Dieu. Seul le coeur endurci et rebelle peut limiter l'exercice de la miséricorde de Dieu. Les prophètes enseignent que la pratique de la miséricorde et de la tendresse entre les membres du peuple est préférable à tous les sacrifices où le coeur est absent. En raison des liens créés par l'Alliance,
personne ne peut se dérober à son devoir d'amour envers le prochain.

Jésus reprendra cet enseignement des prophètes, en affirmant qu'il n'est pas venu pour les justes qui ne sentent aucun besoin de conversion, mais pour les pécheurs qui ont besoin de connaître la miséricorde de Dieu. Il ira cependant plus loin en invitant ses disciples à agir avec miséricorde à l'égard de tout être humain, même l'ennemi. Il faut être miséricordieux comme notre Père du ciel est miséricordieux.

Comme lui, il faut que nos entrailles frémissent devant autrui.
C'est par la pratique de la miséricorde que les disciples de Jésus révèlent qu'ils sont en communion avec Dieu. C'est la condition essentielle pour entrer dans le Royaume.
Yves Guillemette, prêtre

jeudi 8 décembre 2011

Fête de l'Immaculée Conception





Ô Vierge Immaculée,
élue entre toutes les femmes
pour donner au monde le Sauveur,
servante fidèle du mystère de la Rédemption,
donnez-nous de répondre à l'appel de Jésus
et de le suivre sur le chemin de la vie
qui conduit au Père.

Vierge toute sainte,
arrachez-nous au péché,
transformez nos cœurs.

Reine des apôtres,
faites de nous des apôtres !
Qu'en vos mains toutes pures nous devenions
des instruments dociles et aimants
pour achever de purifier et de sanctifier
notre monde pécheur.

Partagez en nous le grave souci
qui pèse sur votre cœur maternel,
et aussi votre vivre espérance :
qu'aucun homme ne soit perdu.

Que la création entière puisse avec vous,
Ô Mère de Dieu, tendresse de l'Esprit Saint,
célébrer la louange de la Miséricorde
et de l'Amour Infini.

Saint Maximilien Kolbe (1894-1941)


dimanche 4 décembre 2011

Deuxième dimanche de l'avent






La promesse et le passeur.



C’est peut-être ainsi que l’on pourrait intituler ce deuxième dimanche de l’Avent.

La promesse, c’est le Royaume, ni plus ni moins. Le Royaume instauré par la présence du Messie, celui sur qui «repose l’esprit du Seigneur», comme le prophétise Isaïe dans la première lecture (Is 11,2).Célébrer le mystère de l’Incarnation, ce n’est pas uniquement se pencher avec tendresse vers l’enfant de la crèche, mais affirmer notre foi et notre espérance en l’avènement du règne de Dieu, règne de justice et de paix, véritable monde nouveau où «le loup habitera avec l’agneau» et «sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main» (Is 11,8-10).


Cette image est reprise comme en écho par le psaume qui prophétise l’avènement d’un roi grâce à qui «fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes» (Ps 71,7).La perspective de ce dimanche, dans la droite ligne du premier dimanche de l’Avent, est donc résolument universaliste : Dieu vient pour le monde entier, sa connaissance «remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer» (Is 11,9) ; il vient non seulement pour ceux à qui s’adresse en premier la promesse, «en raison de la fidélité de Dieu», comme l’explique saint Paul (Rm 15,8), mais encore pour les païens, «en raison de la miséricorde de Dieu» (15,9). Vraiment, «tout homme verra le salut de Dieu» (Lc 3,6 ; verset de l’alleluia). La promesse est là. Du côté de Dieu, tout est accompli. Il ne reste plus qu’à nous laisser inviter.


Le Royaume ne se donne qu’à ceux qui le désirent. Dans la Bible, le désir du Royaume est souvent caché derrière un autre mot : conversion. Aujourd’hui nous l’entendons, non sans vigueur, résonner dans la bouche d’une figure centrale du temps de l’Avent : Jean le Baptiste, le précurseur, le passeur, celui qui proclame dans le désert : «Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche !» (Mt 3,2). Dieu laisse à l’homme la liberté de le désirer.


C’est dans cette orientation de notre désir que consiste la conversion, bien plus qu’en une série d’efforts plus ou moins couronnés de succès. «Nous ne pouvons pas invoquer nos mérites, nous fait dire la prière sur les offrandes, viens par ta grâce à notre secours.» En ce dimanche, par la voix du Baptiste, nous sommes invités à la vérité. Il ne suffit pas de s’être mis en route, encore moins de se satisfaire du chemin parcouru, mais de «produire un fruit qui exprime notre conversion», c’est-à-dire «un fruit digne du repentir» (Mt 3,8).


«Cieux, répandez votre justice, que des nuées vienne le salut ! Console-toi, console toi, ô mon peuple, car bientôt viendra ton Sauveur et ton Roi. Pourquoi te laisses-tu consumer par la tristesse ? Parce que ta douleur t’a repris ? Je te sauverai, ne crains pas ! Car je suis ton Sauveur, ton Seigneur et ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Berger, ton Rédempteur» (Liturgie de l’Avent).


« portail Internet des Fraternités Jérusalem »